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Sur l’écologie, la majorité doit se montrer audacieuse.

Dernière mise à jour : 5 juil. 2022

Tribune parue dans le Journal l'Opinion le 26 juin 2020

S’attendant à ce que la Macronie soit secouée par les victoires écologistes dimanche soir au second tour des municipales, la députée du Nord demande à ses collègues de la majorité d’« oser prononcer des mots tabous » pour bâtir une « ​écologie libérale » C’est un fait et un paradoxe de notre majorité : alors même qu’elle compte nombre de députés écologistes et des ministres engagés, elle ne sait pas convaincre les Français de ses convictions, de sa vision et de son action en matière d’écologie. Pourtant celles-ci existent bel et bien, mais encore faut-il les assumer pour les formuler.

Ce dimanche soir, nous aurons le choix de continuer à nous lamenter de cet état de fait, face aux probables bons scores d’EELV, ou de nous réveiller et de saisir l’opportunité de la reconstruction écologique que le président de la République appelle de ses vœux. Nous réveiller pour faire montre d’audace et faire, non pas de l’écologie politique, mais une politique de l’écologie et, avec elle, des politiques publiques au service de l’écologie. Pour cela, il nous faut assumer de prononcer quelques mots tabous, afin de nous donner une vision, des principes d’actions et quelques propositions fortes pour construire l’écologie d’après.

Liberté, c’est le premier mot tabou. Oui, l’écologie peut-être libérale ! Il est temps d’assumer fièrement et positivement l’écologie de libertés que nous portons : une écologie pragmatique, libérée des idéologies ; une écologie émancipatrice qui mise sur la capacité des individus et des territoires à s’organiser et agir librement pour la sauvegarde de notre planète, la préservation de la biodiversité et le développement durable de nos sociétés. Une écologie de libertés, défenseuse et productrice de droits pour l’Homme et la planète et qui associe transition écologique et démocratique pour revitaliser notre modèle de démocratie libérale toujours plus menacé dans le monde. Une écologie qui refuse une approche étatisée et planificatrice, qui infantilise et dépossède les acteurs citoyens, économiques et associatifs de leur pouvoir et qui préfère miser sur leur empowerment et leur capacité à imaginer et faire ensemble.

Marché, c’est le deuxième mot tabou. Oui, le marché peut servir la reconstruction écologique. La mise en place d’un vrai marché carbone à l’échelle de l’UE est le combat premier, comme l’a rappelé le commissaire européen Thierry Breton, avec notamment l’instauration d’une taxe carbone aux frontières et un prix du carbone suffisamment élevé. C’est un combat écologique et c’est un combat de souveraineté et de compétitivité, qui donnera à l’Europe une fiscalité propre en même temps qu’un horizon de destin : devenir l’espace de la nouvelle croissance économique verte. Le marché est aussi une solution au niveau des régions et des territoires où il nous faut trouver des mécanismes d’accélération de la transformation des modèles économiques des entreprises, tout en donnant suffisamment de libertés aux acteurs pour imaginer les meilleures solutions.


Capitalisme, c’est le troisième mot tabou. Oui, le capitalisme peut être vertueux, à condition qu’on le lui explique fermement et qu’on lui répète souvent. Et c’est ici que l’Etat doit jouer tous ses rôles. Son rôle de régulateur d’abord, au niveau européen pour réorienter l’argent des acteurs de la finance vers l’investissement dans l’économie réelle, durable et européenne. Son rôle de stratège et d’actionnaire ensuite, en étant exemplaire et exigeant lorsqu’il entre au capital des entreprises françaises, et en soutenant un capitalisme d’Etat qui soit à la fois entrepreneurial, responsable et stratégique. Son rôle de financeur enfin : nous avons besoin d’argent, de beaucoup d’argent, pour reconstruire la France, et la dépense budgétaire ne suffira pas. Il nous faut travailler à inventer de nouveaux instruments de financement qui associent acteurs publics, privés et citoyens.


Une fois ces trois mots tabous prononcés et assumés, il nous faudra nous donner trois points d’appuis.


Premièrement, une doctrine (encore un mot tabou !) : il nous faut préciser notre vision de l’écologie. J’ai parlé d’écologie turquoise pour qualifier une écologie de libertés, positive, pragmatique. Il nous faut désormais préciser cette doctrine et surtout lui offrir des symboles : le marché carbone européen en est un, il nous en faut d’autres.

Deuxièmement, des principes d’action. L’imagination des citoyens, la responsabilité des entreprises, l’innovation scientifique et technologique, les savoir-faire des territoires et la volonté des politiques, ce sont cinq acteurs, cinq principes d’action avec lesquels nous devons fabriquer les coalitions qui, au plus près du quotidien des Français mais aussi au plus haut des négoc

iations européennes, défendront et transformeront notre vision en actions. Cet art de la coalition est dans l’ADN du macronisme, exprimons-le plus que jamais.

Le troisième point d’appui, ce sont des mesures fortes aux effets structurels. Avec le groupe Agir ensemble, au sein de la majorité, j’en propose trois, qui démontrent qu’il est possible de faire réussir l’écologie et l’économie ensemble :

- d’abord une vision ambitieuse, avec un New Deal Vert en France, pour un montant de 2000 milliards d’investissement sur vingt ans. Ce new deal est le cadre temporel et financier de l’action mais il est surtout le lieu de l’expression, par le président de la République, d’une vision ambitieuse et, disons-le, océanique de l’écologie. Il n’est pas seulement une stratégie qui décrit ce que nous ferons concrètement pour lutter contre le réchauffement ou préserver la biodiversité, mais une vision du rôle et de la place de l’écologie dans notre société, et la démonstration du supplément d’âme, de richesses et de liens que celle-ci nous apportera.

- ensuite, des moyens financiers pour soutenir la reconstruction, avec la création d’un fonds souverain citoyen qui associera fonds publics, privés et souscription citoyenne pour investir dans les entreprises du territoire qui font le pari de changer leurs modèles économiques pour produire plus vert, plus local, et plus social. L’enjeu ici est à la fois de soutenir les capitaux propres de nos entreprises pour assurer la relance verte, mais aussi d’étendre la participation et l’intéressement à la création de richesse à TOUS les Français, et non aux seuls salariés : demain, chacun, pourra investir dans la relance verte, et chacun sera intéressé à sa réussite.

- enfin, sur les territoires, de véritables marchés verts pour transformer l’économie et l’emploi locaux. Ces marchés rempliraient deux fonctions : la première fonction serait la décarbonation et le verdissement du territoire via un mécanisme de marché vert (en plus du carbone, les acteurs publics et privés pourraient y échanger des quotas de biodiversité pour lutter contre l’artificialisation des sols et pour renaturer). La deuxième fonction serait le fléchage de l’investissement vers les acteurs de la transformation économique et écologique du territoire, en donnant y compris au citoyen un dispositif de « porte-monnaie vert » lui permettant de décider de l’affectation de son épargne ou de sa consommation.

Nous avons une vision, une méthode et des propositions fortes pour la reconstruction écologique : alors plutôt que de nous lamenter ce dimanche, préparons notre travail dès lundi !

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