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Manifeste pour une écologie turquoise: ensemble, bâtissons une écologie de libertés !

Dernière mise à jour : 6 juil. 2022

Tribune parue dans le journal l'Opinion le 5 septembre 2019 #Ecologie #Libéralisme #Liberté

Et si nous ajoutions un peu de bleu au vert de l’écologie ? Un peu du bleu du ciel et des océans, du bleu du drapeau européen et du drapeau républicain, du bleu de Paris, capitale de la COP21. Du bleu et du vert mélangés, pour une écologie turquoise.

Réconcilier écologie et libertés. Récemment, d’aucuns se sont demandé si l’écologie pouvait être libérale, si le libre-échange pouvait être respectueux de l’environnement ou si les défis écologiques pouvaient s’affranchir du clivage gauche-droite traditionnel. Certains ont conclu un peu vite qu’il n’était pas possible de construire une écologie libérée des partis et encore moins une écologie libérale. A cela nous répondons, non !

Au contraire, c’est en réconciliant écologie et libertés que nous délivrerons l’écologie des idéologies et lui donnerons la pleine adhésion et l’efficacité qu’il nous faut pour répondre à l’urgence rappelée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (IPBES) et pour tenir les engagements de l’Agenda 2030 et de l’accord de Paris.

Qu’est-ce qu’une écologie de libertés ? Osons une définition simple : c’est une écologie délivrée des idéologies et qui mise sur la capacité des individus à s’organiser et agir librement pour la sauvegarde de notre planète, la préservation de la biodiversité et le développement durable de nos sociétés. Ceux qui défendent cette écologie libérale sont ceux aussi qui défendent l’Etat de droit et les libertés, toutes les libertés : de circuler, de s’exprimer, de croire, d’entreprendre, de commercer, de s’aimer, et in fine de se réaliser et d’exprimer ses talents. Ceux que préoccupe aussi la montée des démocraties illibérales qui, à l’exemple du Brésil, démontrent que la mise à mal des droits fondamentaux est souvent cousine du non-respect des droits des générations futures et des engagements environnementaux.

Bâtir une écologie de libertés suppose aujourd’hui de faire, tel Pascal, trois paris.

Le pari des individus. L’écologie turquoise mise sur la responsabilité individuelle, elle préfère la responsabilisation et l’incitation à la culpabilisation et la sanction. Elle préfère aussi l’expérimentation et l’imagination citoyenne à la planification et la centralisation. Une écologie turquoise mise sur l’empowerment, c’est-à-dire la mise en capacité des individus à être acteurs de la transition écologique. Gandhi disait : « Si tu veux changer le monde commence par toi-même ». Inversons donc la pyramide habituelle des politiques publiques, partons des Français, des élus, des agents publics, de ce que chacun, sur son territoire, est capable de faire dans son quotidien pour recycler les déchets, pour verdir son quartier, pour abandonner, un peu, sa voiture.

Lao Tseu, lui, disait : « Un voyage de 1000 lieues commence toujours par un premier pas ». En même temps que nous nouons les accords qui engagent les Etats, combinons toujours le changement « macro et micro » : apprenons aussi à mieux récompenser et soutenir les petits gestes. C’est la somme de nos petits pas qui nous feront faire un grand pas en matière d’écologie.

Le pari de l’innovation. L’écologie turquoise est résolument optimiste. La transformation de la société et de l’économie françaises et européennes qu’exige le défi écologique ne se fera pas sous la menace de prophéties apocalyptiques ou d’appels au coup de force révolutionnaire. Nous croyons à la science, à l’innovation créatrice et au progrès. Il ne faut ni en finir avec le productivisme, ni opter pour la décroissance : il faut inventer une nouvelle façon pour les entreprises de produire et de créer de la valeur, en transformant leurs modèles économiques et en ouvrant de nouveaux marchés pour répondre aux besoins d’une société consciente de ses limites et de ses ressources.


Pour cela, il nous faut plus que jamais investir massivement dans la recherche, simplifier la vie des entrepreneurs de la nouvelle économie, soutenir les formes d’action et de gouvernance économiques responsables, et surtout soutenir le capitalisme vertueux : celui qui entreprend, innove, embauche et investit dans des stratégies durables. Il n’est pas honteux de dire que l’écologie doit profiter aux entreprises, si nous voulons que l’économie profite à l’écologie.

De la même façon, faire du libre-échange la cause de tous les maux environnementaux n’a pas de sens. Le commerce n’est pas vertueux en lui-même, mais là où il est libre, la démocratie progresse. A nouveau, le combat n’est pas la destruction des échanges mais la transformation des règles de nos échanges. C’est certes moins spectaculaire, mais c’est la seule garantie de faire avancer démocratie et écologie ensemble.

Le pari du pragmatisme. L’écologie turquoise est pragmatique. L’urgence à agir nous contraint à en finir avec les débats sur les intentions et les ADN idéologiques de l’écologie pour se concentrer sur les effets, sur ce qui fonctionne concrètement. Peu nous importe qu’une bonne idée soit de gauche ou de droite, du sud ou du nord, de France ou d’ailleurs, pourvu qu’elle produise des effets positifs, acceptables pour le citoyen et soutenables sur le plan de la dépense publique. L’heure est à l’échange de pratiques, à l’importation de solutions et à l’action coordonnée entre acteurs scientifiques, politiques et citoyens.

Voilà pourquoi l’écologie ne peut se passer du multilatéralisme. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! Ce ne sont pas les appels au grand soir ou les planifications solitaires qui feront le leadership de la France en matière de climat. Notre force et notre responsabilité, à nous, Français, comme l’a démontré le succès du G7 à Biarritz, c’est de bâtir librement une vision partagée et une coalition d’acteurs engagés et comptables des progrès de la transition écologique.

Donnons à l’écologie politique un projet d’émancipation parce que, comme la démocratie et l’Europe, l’écologie doit devenir plus qu’un combat : un horizon de destin commun. Et parce que nous sommes désormais tous écologistes, ensemble, bâtissons une écologie turquoise ! Lien vers la tribune : https://www.lopinion.fr/edition/politique/manifeste-ecologie-turquoise-ensemble-batissons-ecologie-libertes-196717

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