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Dernière mise à jour : 5 juil. 2022

Tribune parue dans le journal Libération le 9 novembre 2020 #Liberté #Droit #Femmes #Corps #Accouchement


L'obligation du port du masque pour les femmes durant l’accouchement est dangereuse et le plus souvent inefficace. Des alternatives existent et il faut que nous apprenions à donner naissance au temps du Covid avec un minimum d’humanité.



Imposer le port du masque aux femmes durant l’accouchement est une violence physique, une entrave, car la respiration est la clé de l’accouchement et de la gestion de la douleur. L’imposition du masque est également une violence symbolique voire politique, l’illustration d’une voix que l’on étouffe sur un tabou de notre société : les violences obstétricales et gynécologiques (VOG).


Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français recommande le port du masque à l’accouchement sans qu’il puisse être imposé. Or de nombreuses maternités françaises l’imposent. D’autres pays comme le Royaume-Uni, la Norvège, la Hollande, l’Autriche notamment, permettent aux femmes d’accoucher sans masque tandis que l’OMS bannit le masque lors de l’exercice physique. 11% des femmes se voient par ailleurs contraintes d’accoucher privées de la présence de leur conjoint·e (selon le rapport d’enquête menée auprès de 2 727 femmes ayant accouché pendant le confinement). Comment espérer dès lors que la naissance, dans ces conditions, soit autre chose pour les femmes qu’une douleur, une perte de soi et un éloignement de son enfant ? Il nous faut apprendre à vivre et à donner naissance au temps du Covid, mais nous devons nous assurer de le faire avec un minimum d’humanité et de respect des droits. Pour cela, il suffirait d’abord d’écouter les témoignages des femmes et de leurs familles pour se convaincre de la réalité de cette violence, dénoncée par le président du Collège national des sages-femmes, Adrien Gantois. L’obligation du port du masque aurait de graves conséquences, selon l’enquête nationale précitée : hausse de l’utilisation des forceps, des déchirures périnéales, des fièvres, des injections d’ocytocine, des stress post-traumatiques ou des dépressions du post-partum. Il suffirait, ensuite, d’approvisionner suffisamment les maternités en matériel de protection contre le Covid (masques FFP2, lunettes, etc.). La sécurité des professionnel·le·s de santé serait ainsi garantie et les parturientes dispensées de porter un masque souvent inutile car inefficace, que ce soit à cause de la transpiration, du fait qu’il n’est pas toujours changé régulièrement ou de son décrochage systématique pendant les efforts expulsifs.


Enfin, il suffirait que le ministre de la Santé décide d’y mettre fin, clairement, et que le gouvernement sorte enfin du tiroir le rapport accablant mais aussi les propositions concrètes du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes paru en juin 2018 sur les VOG. Car, au-delà de l’imposition du masque, l’épidémie de Covid et la pression sur l’hôpital sont en train de transformer les salles d’accouchement en zones de non droit, abandonnant encore un peu plus de terrain aux violences obstétricales et gynécologiques faites aux femmes.


Chaque année, ce sont près de 800 000 femmes qui donnent naissance. La loi Kouchner de 2002 rappelle que le consentement doit être demandé aux patientes de manière systématique par les soignants avant d’effectuer tout examen ou acte médical. Toucher vaginal douloureux, non nécessaire ou sans consentement, épisiotomie ou position d’accouchement imposées, pressions sur l’allaitement, les déclenchements, propos sexistes sur le corps, le désir ou le non-désir d’enfant et cette ambiance de «contrôle technique» dans certaines consultations de gynécologie. Trop souvent, le bonheur de la nouvelle vie qui arrive plonge dans le silence, mais pas dans l’oubli, les violences et les actes ou propos sexistes faits aux femmes dans le cadre du suivi de leur grossesse, de leur parcours gynécologique ou de leur accouchement.


Il existe des indicateurs révélateurs de l’état des VOG dans un pays. La France détient par exemple un taux élevé d’épisiotomie avec 20% des accouchements concernés (allant jusqu’à 35% pour les primipares) contre 6% en Suède ou 5% au Danemark, et tandis que l’OMS estime que celle-ci n’est nécessaire que dans 10% des accouchements.

Pourtant, les femmes se taisent. Parce qu’il faut donner l’image d’une mère heureuse et ne pas gâcher la bonne nouvelle. Parce qu’il ne faut pas révéler à quel point elles, si puissantes en donnant la vie, se sont senties vulnérables, réduites à l’état d’objet, coupables de ne pas avoir su ou pu dire «non» ou juste «laissez-moi réfléchir», «discutons-en avec mon/ma conjoint·e», «quels sont les risques, pour moi, pour mon bébé ?», «Quels sont mes droits ?». Parce qu’elles dont sidérées par un pouvoir médical qui impressionne et ne laisse pas toujours le temps suffisant pour s’exprimer.


Le droit à disposer de son corps est la première des libertés individuelles et la première des conquêtes pour le mouvement de la libération des femmes. Il est l’un des fondements de notre Etat de droit et ce n’est pas parce qu’une femme pose les pieds dans les étriers qu’elle cesse d’être un sujet de droits et un individu doté de sensibilité. Aujourd’hui, la lutte contre les VOG n’est plus un sujet de femmes qui peut attendre. C’est une urgence sanitaire et une urgence démocratique : une question de droits, de libertés et osons le dire, d’humanité. Le mois dernier, j’ai déposé à l’Assemblée nationale une proposition de résolution invitant le gouvernement à se saisir des recommandations du Haut Conseil à l’égalité. Depuis des semaines, avec les professionnels de santé, nous alertons les ministres de la Santé et de l’Egalité femmes-hommes. En vain. Que faut-il donc pour que l’on entende enfin les cris de ces dizaines de milliers de femmes ? Ce gouvernement a, avec courage, libéré la parole et agit contre les violences faites aux femmes, au sein du couple, sur la voie publique, à l’école.

Mais qu’en est-il des salles d’accouchement et des cabinets de gynécologie ? Il est temps d’entendre les voix des femmes et des professionnel·le·s : les droits et les libertés des femmes ne peuvent s’arrêter aux portes des salles de naissance.


Signataires :

Sonia Bisch, fondatrice du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques (StopVOG) ; Chantal Birman, sage-femme ; Danièle Bousquet, ancienne présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, députée des Côtes-d’Armor de 1997 à 2012 ; Paul Cesbron, gynécologue-obstétricien, ancien praticien hospitalier et ancien chef de service de la maternité du centre hospitalier de Creil ; Francine Dauphin, sage-femme ; Ovidie, Réalisatrice, auteure du documentaire « Tu enfanteras dans la douleur »; Laurent Raguenes, gynécologue obstétricien. Lien : https://www.liberation.fr/debats/2020/11/09/la-salle-d-accouchement-va-t-elle-devenir-une-zone-de-non-droit_1804877

Dernière mise à jour : 5 juil. 2022

Défense du budget de l'Ecologie

Lundi 9 novembre 2020 - Assemblée nationale


Monsieur le Président, Madame la Ministre, mes chers collègues,


« À quoi bon emprunter sans cesse le même vieux sentier ? Vous devez tracer des sentiers vers l'inconnu » ces mots sont de mon philosophe préféré, l’américain HD Thoreau, défenseur des libertés et l’un des premiers écologistes de notre temps.


Madame la Ministre, cette terrible épidémie qui frappent les Français nous enseigne une chose, c’est que nous vivons désormais dans une société du risque global, ou le risque sanitaire et le risque terroriste viennent s’ajouter au risque climatique. Deux voies s’offrent à nous pour faire face. Celle de la peur, du repli et des incantations passéistes ou bien celle du courage, du défi et de l’invention de l’avenir. Aujourd’hui, notre Majorité s’honore en choisissant le second chemin.


Dans quelques années, 2020 sera considérée comme l’année du tournant écologique de la France : pas seulement parce que notre pays se dote d’un budget historique de 21 Milliards, en hausse de 60%, mais parce qu’au-delà des crédits, notre pays donne enfin à nos concitoyens une volonté politique écologique, trace le chemin vers demain et équipe mieux que jamais les Français, pour se lancer dans cette « odyssée » de la transformation écologique de notre économie.


Pardonnez cette allusion homérique Madame la Ministre, mais je crois, que pour réussir ce défi, il nous faut être à la fois « plombiers et poètes », parler des solutions et des bénéfices concrets de la transformation écologique pour tous, et cultiver en même temps le sentiment océanique et le sens de l’aventure chez chacun.


Mais revenons à la plomberie.


Ce budget, par son ampleur, matérialise d’abord la volonté politique de notre Majorité :

La volonté de tenir nos engagements internationaux sur le climat en décarbonant notre économie à 2050 avec des investissements historiques notamment dans les infrastructures et mobilités vertes (3.9MD) ou la rénovation énergétique des bâtiments fortement soutenue via le plan de relance.


La volonté de faire de la France la championne de l’économie verte : une volonté que prouvent les 18MD du plan de relance soit 50% des crédits votés par cette assemblée pour ce plan, et qui fait de la transformation écologique le moteur de la relance économique et de la compétitivité future des entreprises.


La volonté d’accompagner tous les acteurs au quotidien dans la transformation écologique : je pense à l’accompagnement des habitants dans la rénovation énergétique de leur logement avec l’élargissement de ma PrimeRenov et au renforcement de la lutte contre la précarité énergétique ; je pense aussi à l’accompagnement des secteurs clé de l’économie qui se transforment, notamment le secteur aérien (fortement soutenu dans le plan de relance) et le secteur énergétique avec 5MD de crédit pour les ENR électriques dans ce budget. Saluons également les réponses qu’apporte ce budget aux préoccupations quotidiennes des Français comme : la lutte contre la pollution de l’air, le soutien au vélo et aux transports collectifs, la prévention des risques naturels ou encore le retour de la nature dans nos villes et sa préservation dans nos campagnes avec un budget de la biodiversité en hausse de 17%.


Madame la Ministre, là où il y a une volonté il y a un chemin. Les chiffres du budget attestent de notre volonté politique et indiquent la direction mais qu’en est-il du chemin que nous traçons pour notre pays ?


Ce budget, associé au plan de relance, nous renseigne sur votre intention : il s’agit bien de réaliser la transformation écologique de notre économie et de notre pays. Mais il nous faut plus qu’une intention, il nous faut une vision, je dirais même une doctrine, qui nous guide et nous assure de rester toujours sur le chemin que nous venons de tracer.


De quoi notre programme écologique est-il aujourd’hui le nom, Madame la Ministre ?


Son nom n’est pas punition : Car là ou certains pratiquent l’écologie punitive, quand il ne s’agit pas d’expéditions punitives, nous portons une écologie de libertés, qui incite et mise sur la responsabilité économique, l’innovation scientifique et l’imagination citoyenne


Son nom n’est pas privation : car là ou certains prônent la décroissance et la sobriété malheureuse, l’écologie que nous portons est créatrice de richesses et de valeurs, elle réinvente la croissance économique. C’est une écologie qui crée des solutions pour mieux se déplacer, mieux habiter, mieux produire ou mieux se nourrir. C’est une écologie qui produit des bénéfices pour la santé, pour le pouvoir d’achat, pour la planète et même, disons le gros mot des bénéfices financiers.


Son nom n’est pas non plus planification, car là ou certains voudraient des citoyens aux ordres du chef à plumes vertes, l’écologie que nous portons mise sur la responsabilité de chacun et fait confiance aux territoires ; elle s’appuie sur les coalitions d’acteurs, se décide et se fabrique au plus près du quotidien des Français


Son nom enfin n’est pas contestation : là où certains habillent de vert leurs passions tristes et leur luttes antisystème, l’écologie que nous portons est responsable. Républicaine, elle mise d’abord sur le respect des libertés, l’éducation et la solidarité pour soutenir l’effort national de transformation écologique de notre pays.

Cette écologie que nous portons, n’est pas une idéologie, c’est une « certaine idée de l’écologie », une écologie turquoise comme je l’ai dénommée.

Pourquoi turquoise ? Parce que plutôt que de mélanger du rouge ou du rose au vert de l’écologie, nous avons préféré lui mélanger un peu de bleu, celui de la planète bleue, notre bien commun, celui de l’Europe notre horizon de destin et celui de la République notre enracinement quotidien.


Madame la Ministre, c’est donc un budget de l’écologie couleur turquoise, que votera le groupe Agir Ensemble et parce que comme disait Thoreau, Personne n’a la responsabilité de tout faire, mais chacun doit accomplir quelque chose » vous pouvez aussi compter sur nous à vos côtés, dans cette aventure haute en couleurs.

Dernière mise à jour : 5 juil. 2022

Entretien donné au journal Le Point le 27 octobre 2020



ENTRETIEN. La députée Agir ensemble du Nord, Valérie Petit, dénonce la dérive du monde universitaire et militant qui a abandonné la défense du modèle universaliste.


Deux associations menacées de dissolution au lendemain de l'attentat qui a coûté la vie à un enseignant, voilà une réponse politique pour le moins inhabituelle. Si ces structures n'étaient pas liées aux faits, l'exécutif considère qu'elles assuraient la promotion d'un islamisme politique dont l'idéologie imprègne les terroristes qui sévissent en France depuis quelques mois (Romans-sur-Isère, locaux de Charlie Hebdo, Conflans-Sainte-Honorine). Ces associations défendaient un modèle particulariste de lutte contre les discriminations, à rebours de la conception universaliste de lutte en matière de droits historiquement portée par la gauche. Comment ce revirement militant s'est-il opéré et la gauche de la gauche a-t-elle compris la contradiction dans laquelle elle s'engageait en soutenant ces associations ? Pour Valérie Petit, députée du Nord et enseignante-chercheuse spécialiste des questions de pouvoir et de décision, les concepts universitaires autour de l'intersectionnalité négligent la dimension « performative » qu'ils possèdent, c'est-à-dire leur capacité à faire advenir les situations caricaturales qu'ils décrivent. Membre de la commission des Finances, la députée initialement élue sous l'étiquette LREM a rejoint le groupe Agir ensemble en janvier dernier. Elle soutient la démarche du ministre Jean-Michel Blanquer qui consiste à ouvrir un débat nécessaire sur le terreau intellectuel qui affaiblit le modèle républicain. Pour elle, il est important de défendre et de promouvoir le modèle universaliste de lutte contre les inégalités.


Le Point : Vous avez travaillé pendant quinze ans sur les questions de diversité et de discriminations, en France et aux États-Unis. Que s'est-il passé pour que nous arrivions à un tel niveau de tensions en France ?


Valérie Petit : Je crois qu'il faut distinguer le « pays réel » du paysage intellectuel. Dans le pays réel, il y a un échec de la République à tenir ses promesses. L'école émancipatrice ne joue pas assez son rôle de formation de citoyens libres et le monde du travail ne lutte pas assez fermement contre les discriminations. Le contrat républicain et sa promesse d'intégration peinent à séduire, d'autant plus que la justice et la police échouent à garantir effectivement les libertés et l'égalité des droits de tous les Français au quotidien. Nous ne sommes plus capables de dire aux Français pourquoi et comment ils auraient raison d'adhérer aux valeurs républicaines aujourd'hui face à des modèles concurrents. Il y a aussi le paysage intellectuel qui se divise. Nous avons vécu un « changement de paradigme » sous l'influence des intellectuels anglo-américains. Le modèle multiculturaliste s'est imposé comme seule puis comme meilleure grille de lecture de l'organisation de nos sociétés accompagnée de nouveaux modèles de lutte pour les droits et contre les discriminations. Le modèle universaliste qui est celui de la France depuis la création de la République s'en est trouvé relégué, puis ringardisé et désormais contesté.


Pour vous, la gauche est passée de la conquête de nouveaux droits pour tous – indépendamment de la question de l'origine ou la religion – à un combat social particulariste cherchant à obtenir des droits spécifiques liés à l'origine ou la religion de chacun. Comment ce revirement s'est-il effectué ?


Il faut comprendre comment se « fabrique » la lutte contre les discriminations. Il est normal qu'au début du combat il y ait un moment « d'entre-soi libérateur » pour prendre conscience et prendre des forces. Mais ensuite deux chemins apparaissent : soit le combat devient partagé par tous, prend de la force et peut devenir une mobilisation positive de la communauté nationale, soit, et c'est ce qui s'est produit avec la « lutte contre l'islamophobie », certains décident de faire émerger une communauté à part pour porter cette lutte. Cette communauté va ensuite s'essentialiser, se doter d'une identité propre et dériver parfois vers des formes de communautarisme et de séparatisme. On passe, dès lors, d'un combat pour l'égalité de tous indépendamment de son origine ou sa religion à un combat pour l'égalité de certains en fonction de son origine ou sa religion. La France, clairement, a échoué sur ce point ; la lutte contre les discriminations basées sur l'origine et la religion est devenue une lutte contre l'islamophobie et a emprunté le second chemin qui fracture aujourd'hui notre communauté nationale.


On a parfois du mal à comprendre comment des recherches universitaires menées sur des questions de classe/genre/race peuvent concourir à renforcer les « conditions intellectuelles du terrorisme ». Vous expliquez que « le territoire intellectuel français » aurait été « ensemencé » par une idéologie complaisante à l'égard des thèses antirépublicaines. Expliquez-nous ce mécanisme.


En parlant de « complicité intellectuelle » du terrorisme, Jean-Michel Blanquer a créé un électrochoc salutaire : il a eu le courage d'ouvrir le débat sur le terreau intellectuel du recul et de la contestation du modèle républicain. Chacun est libre de défendre les idées qu'il souhaite, c'est justement pour la liberté d'expression que nous nous battons. Mais les scientifiques, notamment, doivent aussi questionner leur responsabilité sur la « performativité » de leurs idées, c'est-à-dire les effets concrets entraînés par les idées qu'ils promeuvent. La liberté ne va pas sans responsabilité… Prenons l'exemple des théories issues des gender studies : les théories intersectionnelles offrent une « rationalité », voire une légitimité, à l'action de groupes, souvent anticapitalistes, voire antisystèmes, et dont les positions sont parfois exprimées avec violence. Ces actions relancent la guerre des sexes, remettent en cause des fondements de la République comme la présomption d'innocence ou la mixité et, au final, aboutissent à une fracturation toujours plus grande de notre communauté nationale. Il y a aussi un attrait pour les idées radicales qu'il ne faut pas sous-estimer. C'est un fait, ceux qui défendent des idées modérées en politique comme en science peinent à attirer.

Que faut-il changer à l'université pour mettre un terme à ce système ?

D'abord l'évaluation des chercheurs. Le CNRS les évalue sur leur capacité à être publiés dans des revues majoritairement anglo-américaines, où le paradigme dominant ignore des concepts comme la laïcité, par exemple. Il faut ensuite pousser nos chercheurs dans les comités de lecture des revues internationales, soutenir la création de revues indépendantes et européennes et donner plus de moyens aux programmes de recherche sur la laïcité, la mixité et les différentes stratégies de lutte contre les discriminations, par exemple. Il faut en réalité permettre à nos chercheurs de se libérer du « mainstream » actuel pour nourrir aussi une recherche sur le modèle français et son efficacité.


Personne ne se revendique « islamo-gauchisme » en France… Qui jugez-vous « islamo-gauchiste » aujourd'hui ?


Ceux qui se laissent, consciemment ou inconsciemment, instrumentaliser par l'islamisme politique pour produire des positions politiques et intellectuelles en France. Certains le font par conviction, d'autres par clientélisme politique ou encore par simple conformisme intellectuel. Et, au final, nous avons ce « terreau » propice à la justification et la motivation d'actions plus radicales. Je ne fais pas de procès, je demande que l'on ouvre le débat non pour juger, mais pour que chacun comprenne d'où chacun parle et avec quel dessein. Chacun est libre, mais tout le monde est responsable.

Considérez-vous que les partisans d'un islamisme politique entretiennent un discours de « victimisation » injustifié ?


Il y a des discriminations fortes sur la base de l'origine et de la religion dans notre pays, ça doit être dit et devenir une cause nationale, comme l'égalité femmes-hommes. Aucune autre communauté ne devrait s'en saisir. La majorité et le gouvernement doivent être plus efficaces et convaincants sur ce combat. Sur la stratégie des partisans de l'islamisme politique, je crois qu'ils misent d'abord sur notre culpabilisation : sur les caricatures, j'entends trop souvent qu'il ne faudrait pas « blesser certains ». Stop ! Oui, la liberté entraîne une douleur, celle d'être blessé, heurté par des opinions contraires, et oui, elle entraîne une culpabilité, celle de blesser et de heurter les opinions contraires. Mais la liberté reste la fin ultime de notre République, certains semblent découvrir que cela fait mal et demandent du courage. J'ai envie de leur dire, pour paraphraser Sade, qu'être républicain demande encore un peu d'efforts, en effet.


Comment jugez-vous la campagne menée par la Turquie contre la laïcité et la France « islamophobe » ?


L'hubris et l'opportunisme politique du président turc en ont fait le chef de file d'un mouvement anti-France, et l'incarnation de la montée des démocraties illibérales. Le retour au pays des imams turcs détachés n'y est sans doute pas étranger non plus. Il confond à dessein, combat contre une religion et combat contre un projet politique contraire aux libertés. Le président de la République a rappelé nos valeurs, clairement et fermement. Il assume le combat pour la liberté et agit avec beaucoup de courage. Nous devons également rassurer les musulmans : la République doit les protéger comme elle protège chacun.


Lien : https://www.lepoint.fr/politique/le-modele-multiculturaliste-s-est-impose-comme-seule-grille-de-lecture-27-10-2020-2398156_20.php#

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